Le Port de départ

Le Port de départ

dimanche 24 avril 2022

Montego /Port Antonio :la loi des séries

 La loi des séries :

"Locution nominale. Loi empirique postulant qu'un événement rare et catastrophique est appelé à se reproduire dans des intervalles de temps rapprochés." 

Et bien mes amis nous sommes en plein dedans !! Et ça devient un peu trop pour moi !! 

Heureusement nous avons été tellement heureux de retrouver Gabriel à la marina de Montego bay le matin du mardi 19 avril ! 

À peine arrivé il est au travail ! 

Nous préparons notre départ pour le lendemain ! 

Nous avons demandé à Floyd notre taxi de nous emmener faire des courses dans un supermarché ! 

Une heure avant le rendez-vous un orage épouvantable s'abat sur la ville ! Malheureusement je n'ai pas pris de photos aux moments critiques mais sur un parking on ne voyait plus les roues des voitures stationnées et nous apprendrons le lendemain que plusieurs morts sont à déplorer, coincés dans leur voiture, voitures emportées par les torrents d'eau, on a retrouvé leurs corps dans l'océan ! 

Bref nous croisons les doigts pour ne pas avoir ce genre d'onde tropicale en mer ! 

Nous arrivons au bateau tout joyeux dès 9h le mercredi matin pour prendre la mer ! 

Xavier regarde ses différentes jauges et s'aperçoit que le niveau d'huile est bien trop bas !!

Les ennuis commencent ! Mais juste le début des ennuis.... 

La loi des séries... Encore... Du moins c'est comme ça que Gabriel explique les choses ! 

Un mécanicien, Euken, vient à bord pour constater avec nous que l'huile fuit par le cache culbuteur sans doute mal remonté par le mécano de Grand Cayman qui avait le mal de mer ! 

Et un peu d'eau fuit aussi du côté de la pompe à eau de mer... À surveiller... 

Euken nous conseille de partir avec un bon stock d'huile et d'en rajouter dans le moteur régulièrement. Nous surveillerons aussi toutes les fuites d'eau... 

Nous retrouverons Euken, à l'arrivée pour faire les réparations nécessaires sur le moteur ! 

Adieu va ! Tellement contents de quitter cette marina ! 

Ah j'oubliais... L'anémomètre ne marche plus... Ce n'est pas ça qui empêche de naviguer !! 

Nous voilà donc partis au moteur... Non seulement il tourne bien mais nous ne ressentons plus les vibrations d'après baleine ! À n'y rien comprendre ! 

Gabriel est plein de bonnes intentions pour pêcher le dîner... Mais c'est avant que le mal de mer ne se fasse ressentir et me fatigue encore et encore !! 

Après quelques heures... Tout d'un coup..... 

Fumée blanche derrière le bateau... Oups, pas normal ! Les hommes descendent... Les cales débordent d'eau de mer... Et dans le moteur... Un geyser !! 

Vite il faut tout couper ! Et heureusement l'énorme fuite s'arrête ! 

Je descends pour voir une vague d'eau mélangée à l'huile recouvrir tout le sol ! Quelle horreur ! C'est une vraie patinoire ! 

Pompe en route, les cales se vident lentement mais la gîte nous empêche d'en venir à bout ! 

Moment de panique...

 Qu'est ce qu'on fait ? Trois solutions :

On appelle les secours ? mais la fuite s'arrête moteur éteint... 

On repart à Montego bay à la voile ? Mais on n'en a aucune envie et on arriverait de nuit... 

On continue uniquement à la voile et on appelle les coast guards pour nous aider à rentrer dans le chenal de la marina de Port Antonio ? 

Nous optons pour cette troisième solution ! 

Nous commençons à tirer des bords régulièrement car une fois de plus nous avons le vent de face ! 

L'inquiétude est là... Le mal de mer aussi, tenace... 


Une nuit de nav ponctuée par de gros grains avec en fond des éclairs menaçants... Vent fort régulier et très fort sous les grains. Nous restons tous les trois sur le pont une bonne partie de la nuit, jusqu'à ce que des trombes nous forcent à rentrer, je tombe endormie dans le carré et les hommes se relaient... Nous sommes heureux de voir le jour se lever... 

Mais trois heures sans vent nous retardent beaucoup, heureusement nous sommes loin de la terre et pas de risques d'échouage. Nous sommes toujours sensés avoir rv à 17 h pour sortir le bateau de l'eau bien qu'à la marina Errol Flynn personne ne semble au courant... 

Nous arrivons à prévenir le chef du chantier de notre retard et de la nécessité des coast guards pour un remorquage... Toutes les deux heures Euken nous envoie des messages pour prendre des des nouvelles... C'est gentil ! 

Nous faisons un magnifique dernier bord, long, tranquille avec une mer plus calme et des estomacs plus amarinés... Mais à un mile de l'arrivée plus de vent du tout.... Rien... Pétole... 


Les coast guards arrivent pour nous attacher un peu n'importe comment à leur embarcation...sur le côté. 


Le problème est que nous sommes beaucoup plus hauts qu'eux, nous les cognons et leur montons dessus à chaque mouvement de houle.... Xavier et Gabriel tiennent des parebattages à bout de bras... C'est très physique ! 

Tout ça pendant qu'un magnifique coucher de soleil recouvre Port Antonio d'un voile orange ! 

Le moment n'est peut-être pas très bien choisi pour admirer la nature mais tout de même... Il y a des priorités dans la vie ! 

Toute l'opération de remorquage dure plus de deux heures mais une fois rentrés dans le chenal, tout est plus fluide...


Les CG nous poussent sur un ponton en béton où des français nous accueillent chaleureusement ! 

Ouffff ! Si vous saviez à quel point nous sommes heureux d'être arrivés ! 

Merci à Gabriel sans l'aide de qui je ne sais pas comment nous aurions fait ! 

Nous sommes morts ! Tous les trois vraiment morts enfin juste assez éveillés pour boire le ti punch d'escale pour oublier cette p..... de loi des séries, et s'endormir profondément ! 

Le rv pour sortir le bateau de l'eau est reporté à samedi matin 8h ! Sauf que les coast guards nous ont mis au mauvais ponton et ils devront revenir nous chercher pour nous remorquer à la grue qui se trouve de l'autre côté de la baie ! Xavier traverserait bien la baie au moteur, on ne va pas couler en dix minutes mais Mr Earle, le chef du chantier n'est pas d'accord !  Je crois que la somme de nos problèmes l'inquiète, il nous regarde drôlement et quand on lui parle de la baleine... Là il éclate de rire "mais ça n'est pas possible !" 

Nous retrouvons le marché de Port Antonio que j'aimais tant ! Ici les gens sont gentils et je retrouve ce que j'avais tant aimé il y a huit ans ! Bamboo Man est toujours là, ramant avec son bambou... 


Gabriel nous remonte le moral avec de nouveaux cocktails..


Comme toujours chaque ingrédient est bien mesuré... Notre mixologiste fait ça à la perfection : glaçons, fruits frais du marché, shaker... Un vrai pro ! 

Nous commençons la série avec une "margharita in Venezia" : un vrai régal !

En fait de 8 h c'est à 9 h30 que les CG viennent nous chercher ! Nous mettons plus d'une demi heure pour traverser la petite baie. Ils nous tirent de façon insensé.. Nous ne comprenons rien à leur manœuvre, nous tournons quatre fois sur nous mêmes... Nous nous approchons dangereusement d'un bateau au mouillage, le bateau d'une dame aux cheveux bleus (non nous n'avons pas encore fumé !) 


Pendant leur remorquage totalement anarchique ils plient notre bout dehors.... 

Nous arrivons enfin au quai de la grue et attendons une heure de plus qu'elle veuille bien nous lever... 

Euken est là depuis 8h ce matin pour nous accueillir, j'ai l'impression qu'on peut compter sur lui...

Il nous apprend que la banque voisine où nous avions été la veille a explosé, en effet j'ai entendu un gros bruit dans la nuit mais j'ai cru à un cauchemar pensant que le bruit venait du bateau... Je deviens un peu parano... Mais non c'était bien une explosion, tout près, sans doute pour attaquer et voler la banque !

Nous commençons à envisager de changer nos plans : si le bateau n'est pas en état de reprendre la mer mardi soir au plus tard, ce sera trop tard pour que Gabriel puisse reprendre son avion de Curaçao le 1er mai... Et nous ne repartirons pas en mer seuls... Alors nous rentrerons plus tôt en France et laisserons le bateau ici pour l'hivernage... 

Mais attendons de savoir à quelle sauce nous allons être mangés !

À première vue nous ne voyons pas grand chose de spécial sous la coque... D'autant plus qu'elle avait été nettoyée au karcher aux Cayman. L'arbre d'hélice a un peu de jeu mais c'est tout...




Demain nous en saurons plus en analysant chaque problème avec Euken !

Pour ne rien vous cacher le capitaine est un peu dépité...

Pour tout vous dire, la vie à bord d'un bateau à sec n'est pas très glamour... Nous espérons vraiment ne pas être là pour longtemps soit parce qu'on réparera très vite (je n'y crois pas trop) soit parce qu'on reviendra vite en France ! 

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