Ces émotions ont quand même bien éprouvé notre Xavier ! Il a les épaules larges alors c'est le dos qui a pris ! Vive l'huile essentielle de gaultherie qui n'est pas magique non plus ! 😉
Nous nous réveillons dans un mouillage tranquille, seul un cata nous tient compagnie malgré cinq autres bouées disponibles à la plaisance.
Le capitaine prévoit de passer sa première journée à buller... Pour ma part je peux enfin profiter des joies du mouillage : baignade au réveil, douche sur le pont... Mais c'était sans compter sur la ténacité du port authority qui envoie une petite vedette nous accoster. Tout en restant très aimable l' agent portuaire nous reproche de ne pas répondre à la VHF :
- Nous vous appelons depuis ce matin ! Que faites vous ? Pourquoi ne répondez vous pas ?
- Mon gentil monsieur, n'ayant plus de moteur, les batteries sont uniquement chargées par votre beau soleil donc nous économisons au max et coupons la radio !
Je n'ai pas été jusqu'à lui expliquer que seules la pompe d'eau (rinçage du corps et de la vaisselle) et le feu de mouillage restaient actifs... Et en plus nous avons dormi jusqu'à 11 h !
N'empêche que, adieu le repos du capitaine ! il faut descendre l'annexe et aller faire notre clearance qui, gratuit en général, nous coûtera 70 $ de charge exceptionnelle pour le week-end.
Nous y partons vers 13h nous en reviendrons vers 18h30 !
En effet, le premier contact entre les deux dames de la capitainerie et nous n'est pas des plus cordial ! L'une, dont j'apprendrai plus tard qu'elle s'appelle Derrie, d'une corpulence disons imposante, semble prendre les choses en main, l'autre se plaint sans cesse d'être fatiguée, de vouloir dormir...
— Vous connaissez la VHF ? (euh oui c'est moi la préposée)
— Vous ne répondez jamais quand on vous appelle ? (je reprends mon laïus sur le moteur en panne etc...)
Le ton se radoucit un peu et les dames nous poussent littéralement dehors afin de remplir les papiers sur un banc ! Pas question d'aller dans leur bureau ! Je crois comprendre que c'est à cause du Covid... J'ai l'impression d'être une pestiférée tellement elles se tiennent loin de nous... Elles sur un banc, nous sur un autre et on se passe les papiers du bout des doigts... Berk... Degueu...
Nous commençons à remplir les interminables formulaires administratifs... Pas d'animaux à bord ? Pas de drogue ? Pas d'armes ? Pas de fusils sous marins ???..... Stooooop ! Si ! nous en avons deux ! (avec quoi j'attraperai mes langoustes autrement ?)
Xavier qui se reposait sur un banc doit repartir les chercher au bateau... C'est la loi ici : vous déposez vos fusils en arrivant ils vous les rendent en partant !
Puis arrive la question qui tue :
— Vous pouvez me donner votre décoration ?
— Pardon ?
— Votre décoration oui ! Votre autorisation de fouler la terre des îles Caïmans
— Oups jamais entendu parler !
Nous étions vraiment les mauvais élèves et on nous le faisait sentir...
— Alors que vous étiez encore au Mexique, bien avant d'arriver ici vous auriez dû envoyer une demande de permission au Travel Cayman islands ou remplir un formulaire sur leur application ... En attendant vous ne pouvez pas bouger d'ici, vous ne devriez même pas avoir débarqué !
— Et comment je fais ça sans internet moi ?
C'est le moment où j'ai perçu une lueur de pitié dans les yeux de mon interlocutrice ... À y bien réfléchir je ne suis pas sûre que le mot pitié soit le bon terme, la dame avait plutôt l'air très très déçue des personnes qu'elles avaient en face d'elle...un peu désespérée même... La pitié est arrivée après, quand je lui dis
— Et bien il faut qu'on vous aime pour venir ici ! Vous n'allez pas me laisser tomber ? Vous allez nous aider ?
Ce fut la première faille dans la carapace de l'imposante dame...
— Bon d'accord, mais je ne l'ai encore jamais fait .. Je vais te mettre le wifi du port sur ton téléphone.... Et on va regarder ça ensemble...
Il faut d'abord retrouver le mot de passe bien rangé au fond de son cerveau pour que le wifi s'active et alors là... le téléphone se met à frétiller et à pousser des petits sons... Ça n'arrête pas... Des mails, des Facebook et surtout plus de cinquante messages WhatsApp ! Je vois notre amie Derrie se pencher vers sa copine :
— Non mais tu as vu tous les messages qu'elle a ?
Nous continuons la procédure de demande de décoration qui met une plombe... Et pendant un moment un peu mort, vous savez quand le petit truc tourne et tourne sur votre téléphone et que l'application mouline... Alors que Derrie avait repris sérieusement sa partie de Candy crush, je lance un “oh là là vous avez vu tous les les messages WhatsApp que j'ai ? Ce sont nos enfants qui s'inquiétaient beaucoup pour nous !!! "
Alors là ! J'avais gagné la partie !
— Viens t'asseoir à côté de nous... Tu as combien d'enfants ? Et des petits enfants ? Montre nous les messages... Oh que tu es drôle, que tu nous fais rire etc etc...
Et bien croyez moi ou non mais Derrie et sa collègue ont tout mis en œuvre pour nous obtenir notre décoration et ça a duré jusqu'à six heures du soir...
Il faut que nous allions passer un test covid pour l'immigration...
— Je t'appelle un taxi et vous y allez tout de suite ! dit Derrie
— Ah non, ils n'ont pas le droit de quitter cet endroit dit la deuxième
— Mais ça n'est pas logique ! s'exclame la première...
Après maintes discussions on en vient à éclater de rire en disant que tout cela est invraisemblable ! La nuit tombe et nous voudrions rentrer au bateau tant qu'on y voit encore un peu... Alors on laisse tomber les tests et on se quitte après s'être échangé nos téléphones, adresses mail etc... Et surtout après avoir reçu les félicitations pour notre décoration enfin reçue !
Le lendemain matin, aux petits soins pour nous, c'est le port authority qui nous appelle un taxi, ils envoient un bateau pour escorter notre petite annexe ! Ils sont trop gentils !
Le test ? De la gnognotte ! On se met tout seul son petit bâtonnet dans le nez, Xavier a entrepris de donner des leçons de français à l'infirmière... On rigole beaucoup mais bien que ce soit un test antigénique nous n'aurons les résultats que dans deux heures !!! Que nenni ! Quatre heures après nous attendions toujours et enfin ils sont revenus... Négatifs !
Ça y est, nous sommes maintenant des citoyens libres ! Mais ça n'a pas été sans mal !
Derrie s'inquiète beaucoup pour nous... Tous les matins suivants elle nous envoie un message pour savoir si tout va bien, nous envoie des numéros de téléphone pour joindre des mécaniciens, des remorqueurs tout ce dont nous pourrions avoir besoin ! Elle est trop mignonne !
Quant à la deuxième, je lui souhaite d'aller vite dormir !! Le lendemain nous la croiserons dans la rue... "j'ai dormi comme un bébé !" me dira t elle
Ouf me voilà rassurée d'autant qu'elle reprend du service aujourd'hui !
En effet, pour la première fois depuis deux ans, un navire de croisière, le Disney Magic vient poser l'ancre pas loin de nous...
Ça va... Je suis dans mon élément... Si je ne vais pas à Mickey c'est Mickey qui vient à moi ! Et c'est toujours émouvant... Si si émouvant d'entendre sa corne de brume aux notes du si joli "I wish you upon a star"
Au premier abord , les gens d'ici sont plutôt bourrus et pas forcément aimables mais dès que vous liez connaissance avec eux ils feraient n'importe quoi pour vous !
J'adore cette île ! Quel bonheur de reparler anglais ! Nous nous sentons bien ici et nous sommes au bon endroit pour entreprendre nos réparations dont je vous parlerai dans mon prochain article !
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