Le Port de départ

Le Port de départ

lundi 21 mars 2022

Traversée Isla Mujeres Caïmans

 Nous devions mettre trois jours nous en avons mis cinq, nous partions avec un bateau en bon état, nous arrivons avec une voie d'eau et un moteur qui n'est plus en état de marche.... Mais les choses auraient pu être pires ! Laissez moi vous raconter nos inquiétudes, nos peurs, nos joies pendant ces cinq jours ...

Mardi matin donc, nous sommes prêts, ce sont les adieux avec ceux de la marina... John, toujours attentionné, nous a préparé un ensemble de Snickers , M&M's et autres friandises, toujours bien pratiques quand on ne peut pas faire de cuisine, il nous envie de partir et j'espère qu'on aura vite de ses nouvelles à travers ce blog.

Tout en douceur le capitaine nous mène entre les poteaux sans soucis... Nous avons à peine un quart d'heure de navigation pour arriver au ponton d'essence, et au bout de cinq minutes je sens déjà Xavier très inquiet... "le moteur chauffe beaucoup" me dit il... Nous arrivons au ponton d'essence sans difficulté mais le gros Volvo est bouillant de chez bouillant !! À la limite de l'ébullition...

Nous ne pouvons pas partir avec ce nouveau problème... Nous imaginons aller jeter l'ancre dans la baie le temps de régler cela... 

Heureusement le personnel de la station service téléphone à un certain David qui, par chance,  arrive dans le quart d'heure qui suit... Démonte... Regarde... "Le thermostat est hs, je vous l'enlève... Pas besoin de le remplacer ainsi le moteur sera tout le temps refroidi. Partez tranquilles !" 

David, un mec adorable, un autrichien vivant sur l'île depuis une dizaine d'années reste boire une bière avec nous, nous sympathisons et regrettons beaucoup de ne pas l'avoir connu plus tôt ! Il nous sauve et nous partons confiants... D'autant qu'il apprécie le ronronnement régulier de la mécanique. 

"Il tourne à merveille ce moteur !" 

Merci gentil David et heureuse vie à toi qui vis sur un vieux bateau transformé en atelier de mécanique ! 

Ça y est... Ça y est Vraiment... 

Adieu Isla Mujeres ! 


Nous avons du mal à réaliser... nous voguons vers d'autres contrées avec de bonnes vagues qui, pour un début, mettent nos estomacs à rude épreuve ! mais cela ne dure que 24 heures...

Mercredi, nous sommes bien secoués, essayons de remonter au prés le plus possible pour ne pas trop nous écarter de la route vers les Caïmans..mais soit nous remontons carrément vers Cuba soit nous descendons trop au sud... Ça énerve le capitaine qui essaie de grappiller un degré par ci, un degré par là jusqu'à ce que les voiles ne soient plus d'accord... 

Jeudi c'est le top, mer enfin calme, bon petit vent, je pense beaucoup à mon amie partie trop tôt dont les obsèques sont célébrées aujourd'hui et moi qui suis si loin... Je peux enfin broder.. (Xavier avait raison !) 

Cette journée est marquée par une visite incroyable et si inattendue... Loin de toutes terres, un petit oiseau terrien vient tout d'un coup se poser... Devinez où ?... Sur la tête de Xavier, puis sur son épaule, puis sur mon bras... Il visite le bateau et est tellement curieux que dès que je veux prendre une photo de lui, il s'approche du téléphone, rendant la photo floue... Il est incroyable ce petit oiseau ! si sociable !  À part quelques dauphins qui nous accompagnent un bout de chemin il est le premier être vivant à nous rendre visite... 




En navigation, loin de tout, des épisodes comme celui ci prennent une importance insoupçonnée... Et le truc le plus fou est qu'après être parti comme il est arrivé, il est revenu longtemps après, à la tombée de la nuit se poser un moment sur la bôme et puis on ne l'a plus revu !

Les jours passent, 



pas toujours faciles, à part cette journée du jeudi, nous gîtons beaucoup, impossible de se tenir debout, la mer est hachée mais ça va... J'arrive en général à faire de la salade à midi et une soupe chinoise le soir et à prendre une petite douche chaque jour... 


Pour les nuits nous avons changé notre rythme habituel :  nous ne faisons plus de quarts comme avant mais je dors dehors toute la nuit et appelle Xavier dès que j'ai la moindre préoccupation soit que je ne comprenne pas la route d'un bateau, soit  que les voiles déconnent, bref dès que j'ai le moindre soucis ! J'adore dormir dehors en navigation, en plus j'ai cet énorme avantage de me rendormir très vite et c'est encore la nuit du jeudi la plus belle, calme, magique !


Vendredi, les choses changent... Au petit matin, en essayant de faire un semblant de petit déj (un pain de mie à la confiture) je remarque de l'eau qui sort de sous mon four... Oups... Au secours mon capitaine ! Les cales sont remplies d'eau... Pompe de cale "on" et tout rentre dans l'ordre sauf qu'on ne sait pas par où cette eau salée est entrée ... Il n'y a plus qu'à laisser les cales ouvertes et à surveiller...

Plus tard dans la matinée alors que le moteur nous pousse pour reprendre la bonne route et recharger les batteries ... Au bout d'une bonne heure... Teuf Teeeuuuf Teeeeeeuuuuuuuff... 

Plus rien... Comme une passe d'essence... 

Le capitaine échange un regard profond avec son moussaillon ou le mari avec sa femme si vous préférez mais la profondeur du regard traduit d'abord de l'étonnement puis une grosse grosse inquiétude... De toutes façons on ne peut rien faire pour le moment, il faut attendre que le moteur refroidisse et qu'on soit moins secoués...

Dès que c'est possible, Xavier va jeter un œil à la grosse machine et la première chose qu'il voit est une entrée d'eau au niveau de l'arbre de transmission, le presse étoupe, qui se trouve sous le bateau !! Voilà d'où venait l'eau des cales qui continuent à se remplir régulièrement !! C'est une mauvaise nouvelle (de toutes façons, une voie d'eau est toujours une mauvaise nouvelle...) puisque ça veut dire qu'à peine arrivé aux Caïmans il faudra faire sortir le bateau de l'eau pour réparer !

 Mais cela n'explique en rien l'arrêt du moteur !! Nous avons deux problèmes différents. 

Donc l' inspection continue, le pauvre Xavier est ballotté dans tous les sens, difficile de faire de la mécanique dans de telles conditions !  

Enfin notre mécanicien en chef sort la tête du cambouis :

"J'ai trouvé ! La pompe d'arrivée de gasoil est cassée mais j'en ai une autre, je vais essayer de la changer..."

Mais, car vous avez compris qu'avec nous il y avait souvent un mais... Un bout de la pompe, une tige d'environ cinq cm, s'est carrément cassée et est tombée quelque part dans le moteur... Si c'est dans les soupapes et qu'on remet le moteur en route on bloquera tout... alors, pour le moment on décide de ne pas réparer... Et Xavier cogite, cogite, cogite... 

Heureusement un bon vent nous permet de prendre la bonne route et ça c'est une chance... Nous devrions arriver à notre destination samedi soir, dans la nuit... 

Xavier se prend la tête avec cette histoire de moteur... Pendant que je dors comme un loir sous une lune magnifique, insouciante que je suis pour ne pas dire inconsciente... il se pose tellement de questions !! Et au milieu de la nuit me réveille avec un lueur d'espoir dans les yeux mais pour tout vous dire, je dormais tellement profondément que je mettrai un certain temps à la déceler la lueur !!! Mais elle es là ! 

"En France il fait jour, il faut appeler Étienne pour qu'il se renseigne auprès de mécaniciens Volvo afin de savoir quel est le vrai risque de remonter la nouvelle pompe avec cette tige qui se balade quelque part .. Après tout peut être que ça leur arrive souvent... "

Le réponse vient vite, Xavier avait malheureusement raison et en effet : il y a un gros risque à remettre le moteur en route sans savoir où est passé cette p..... de tige ! Le décision est donc définitivement prise, on ne répare pas la pompe ! On continue sans moteur ! 

Mais alors  d'autres inquiétudes remplacent les précédentes... Comment va t on arriver aux Caïmans ? 

Jeter l'ancre ? Mais on ne pourra pas la remonter... (manque de jus dans les batteries) 

Prendre une bouée ? sachant que l'île nous coupera sûrement le vent et de nuit... 

Il faut vous dire que sans moteur, les batteries sont uniquement rechargées par le panneau solaire, donc nous économisons au maximum 

Une fois de plus les enfants viennent à notre secours, Jean Baptiste gère le côté prévisions météo, Grégoire coordonne et Étienne se met à appeler les autorités portuaires des Caïmans au téléphone... Après tout nous sommes une embarcation en détresse... D'ailleurs, ne sachant pas si la voie d'eau peut évoluer ou pas, Xavier prend des dispositions... Pour la deuxième fois depuis que nous naviguons, il prépare une boîte étanche avec les papiers, passeports, portefeuilles et téléphones... Oups je n'aime pas du tout ça mais comme il dit très justement, il vaut mieux être prêts si le bateau coule...

Je vais vous rassurer aussi en vous disant que depuis que nous n'avons plus de moteur, nous nous attachons avec un harnais même dans la journée.. En effet un homme à la mer doit être difficilement récupérable sans être manœuvrant ! 

De son côté Étienne a bien préparé le terrain pour nous, les autorités portuaires et les coast gardes connaissent maintenant notre situation et il est entendu que nous les appellerons à la VHS à l'approche de l'île... Nous sommes vraiment plus sereins pour passer cette dernière journée du samedi avec un bon vent qui nous permet d'approcher des côtes... Comment dit on ? Caimanaises ? 


En début de nuit... Nous apercevons les lumières de l'île !! Quelle émotion ! 


"Coast gards, coast gards, coast gards for Sayann" "we need assistance" c'est moi, la préposée à la VHS qui émet ce signal avec la hantise de ne pas comprendre les réponses...

Après plusieurs échanges un bateau de secours vient nous retrouver au nord de l'île pour nous remorquer...

Dans la nuit tout cela prend des allures irréelles... On se retrouve vers 11 h du soir

"Votre santé d'abord.. Comment allez vous ?

Y a t il beaucoup d'eau dans le bateau ?"

- On va bien, on est juste extrêmement fatigués, enfin surtout Xavier et pour ce qui est de l'eau, on éponge toutes les heures... On gère "

" OK on vous amène devant le port et on vous accroche à une bouée"




Une bonne heure de remorquage plus tard, car en effet l'île nous coupe le vent, nous voilà amarré à une bouée non loin du port !

Merci ! Tellement merci les Coast gards qui repartent en nous criant en français "Bon voyage !" 

Oufffff ! Nous sommes morts mais bien arrivés ! La pression retombe autour d'un ti punch, il n'y a pas d'heure pour ça... 

Nous nous écroulons dans notre lit que je trouve si moelleux après quatre nuits sur du dur mais dans lequel j'étouffe un peu après ces nuits au grand air !

Il faudra ensuite gérer les réparations mais demain est un autre jour ! 

1 commentaire:

  1. Qu' écrire ?
    P'tit oiseau devait être tellement heureux de vous avoir rencontré...

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